Protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou scientifiques

Réponse de Mme DURANT députée européen :

Mesdames, Messieurs,

Vous avez été très nombreux à interpeller vos parlementaires européens au sujet de la révision de la directive 86/609/EEC concernant la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou scientifiques.

Je tenais tout d'abord à vous remercier et vous féliciter d'avoir pris la peine de nous écrire, dans l'espoir de voir enfin aboutir une législation résolument plus humaine et moderne pour les animaux de laboratoire. Vos lettres sont autant d'encouragements pour les députés qui, comme moi-même et l'ensemble des Ecologistes, appellent à la mise en place rapide d'une stratégie à long terme de réduction chiffrée des expérimentations animales, ainsi qu'à la sortie progressive mais résolue des expériences sur les singes, chats et chiens.

Mais la volonté politique d'une diminution de l'expérimentation animale doit s'accompagner notamment d'une augmentation du soutien public aux alternatives scientifiques. Pour cette raison et dès 2007, alors sénatrice au sein du Parlement fédéral belge, j'ai porté avec plusieurs de mes collègues une proposition de loi portant création d'un « Centre belge des méthodes alternatives à l'expérimentation animale ». Ce texte a finalement été voté à l'unanimité et publié récemment au moniteur. Au même moment, on apprenait que le nombre total d'animaux exploités dans les laboratoires belges en 2008 a diminué de 7% par rapport à l'année précédente, pour atteindre 725.370 animaux.

Ces bonnes nouvelles ne doivent cependant pas occulter ou affaiblir nos efforts au niveau européen. Et je comprends et partage votre déception quant à la position du Parlement européen sur la révision de la directive 86/609, telle qu'adoptée en première lecture lors de la session plénière du 5 mai dernier.

Pour rappel, les Verts européens ont déposé de très nombreux amendements en commission Environnement pour consolider et améliorer le texte de la directive. Force est de constater que les autres formations politiques n'étaient pas prêtes à nous suivre, puisque seuls deux de nos propositions ont été approuvées en séance plénière !

Nos positions sont de fait très proches des revendications d'associations telles que GAIA en Belgique ou la Coalition européenne pour mettre fin à l'expérimentation animale (ECEAE). Ainsi, nous demandons l'interdiction inconditionnelle d'utiliser les grands singes et primates capturés dans la nature, comme de limiter les tests sur les singes aux maladies humaines graves et dégénérescentes, ou qui concernent des produits essentiels ou à fort impact sociétal. Nous nous opposons également à l'autorisation de provoquer des souffrances animales à la fois sévères et prolongées, ainsi qu'à utiliser le même animal de façon répétée pour des expérimentations douloureuses.

Soyez donc assurés du bon suivi que je donnerai à votre courrier, désirant tout comme vous que la position du Parlement européen en seconde lecture évolue vers une législation véritablement humaine et progressiste. Concrètement, le travail des Verts européens se poursuivra entre autres au sein de l'intergroupe Bien-être animal, présidé par ma collègue du parti vert anglais Caroline Lucas. La première réunion de cette nouvelle
législature, qui a eu lieu la semaine dernière à Strasbourg, a d'ailleurs mis l'accent sur la question des primates non-humains. Etant moi-même membre de cet intergroupe, vous pouvez compter sur mon soutien, ainsi que sur celui du député vert espagnol Raul Romeva*, également très actif sur la question, pour mobiliser les membres des autres groupes politiques: faiblement motivés voire tout à fait opposés aux restrictions en matière d'expérimentation animale.

N'hésitez pas à me recontacter, pour toute information ou précision supplémentaire sur la position des Verts européens et du parti ECOLO en matière de bien-être animal. Je me ferai un plaisir de vous répondre.

Mes salutations cordiales,

Isabelle Durant
Vice-présidente du Parlement Européen