Chien de couloir

Admin Dim 9 Mai - 8:08

Repris sur Cani-Seniors...

En mémoire de Junior, une complainte

J’étais chien de couloir
Ma vie, c’était dehors
Qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve
Couché en rond, j’en bavais des ronds d’chapeaux.
Mais toujours endurant, ni plaintes, ni pleurs
Je vivais là, sans but, sans raison
J’arpentais mon carré de prison
Ni caresses, ni paroles, ni mains qui se tendent
J’étais chien de couloir
Je gardais l’horizon.
Un jour, ils m’ont trouvé couché
Dans la neige, et le vent
Ils ont décidé de m’arrêter
Retraite anticipée
J’ai quitté mon manteau de misère
Je suis retourné au néant.
A présent, le couloir est désert
Des oiseaux s’y poseront peut-être au printemps.
Moi, je n’ai connu que le mordant du froid
La brûlure du soleil
La solitude extrême
Que passent les heures, les jours, les années.
J’étais chien de couloir
Si quelqu’un m’a aimé
C’est bien loin tout ça
Il est parti à l’étranger
Et, il m’a laissé là.
Depuis, je fais le guet.
J’étais chien de couloir
Toute ma vie, j’ai attendu
Dans le froid et la tourmente.
J’ai passé ma vie d’inconfort à attendre
Dieu sait qui, dieu sait quoi.
Peut-être la récompense
D’avoir été si sage,
Contre le mauvais temps.
Peut être le retour
De mon maître adoré.
Mais, au bout de toutes ces années
Seule la mort est venue me chercher.

Frères humains, je vous pardonne volontiers
D’avoir fait de moi ce pauvre chien de couloir
Si, parmi vous, certains ont du regret
Qu’ils se rendorment. Il est trop tard.